Forex : 4000 milliards de dollars échangés chaque jour
Le trading sur le marché des changes a augmenté de 20% en trois ans, selon le dernier rapport de la Banque des règlements internationaux. La France reste un faible contributeur tandis qu'au Royaume-uni, se concentrent près de 37% des échanges mondiaux.
Entre des marchés d'actions volatils - et désepérément délaissés comme le prouvent chaque jour les volumes d'échanges - et des obligations qui offrent des rendements faibles, les investisseurs cherchent d'autres points d'attaque pour gagner de l'argent. A commencer par le marché des devises, appelé dans le langage financier, le Forex (pour FOReign EXchange).
Dans son rapport triennal fraîchement publié*, la Banque des règlements internationaux (BRI) fait état d'échanges sur le marché des changes atteignant 4 trilliards (ou 4000 milliards) de dollars par jour en avril 2010. La BRI, qui prend une «photo» du marché tous les trois ans, notait dans sa précédente étude, en avril 2007, que l'activité sur le Forex était de 3,3 trillliards de dollars. En 2004, les volumes de devises échangés atteignaient moins de 2 trilliards de dollars, et en 2001, d'un peu plus d'un trilliard.
Certes, le mois d'avril 2010 a été le théâtre d'une crise souveraine européenne sans précédent, avec pour scénario, la chute de l'euro. Mais, malgré l'activité exacerbée sur le Forex sur cette période, l'engouement pour ce marché est réel. D'autant plus que l'actualité depuis le printemps dernier n'a pas défailli sur le front des monnaies : le franc suisse atteint record sur record face à l'euro, malgré les tentatives massives de la Banque nationale; le yen n'a jamais été aussi fort contre l'euro et le dollar depuis quinze ans, la Chine a concédé une réappréciation - symbolique - de son yuan, etc.
Le dollar reste la devise la plus échangée
En avril 2010, le billet vert conservait sa suprématie sur le marché des devises, totalisant 84,9% des transactions quotidiennes pendant le mois sous revue. L'euro confirme également sa place de numéro deux, avec une hausse de 2,1 points de pourcentage à 39,1%. Le yen, lui, a légèrement gagné du terrain avec une progression de 1,8 point de pourcentage à 19% des échanges quotidiens en avril.
La «banque centrale des banques centrales» révèle en revanche un déclin des monnaies traditionnelles, comme la livre anglaise qui a reculé de 2 points à 12,9% et du franc suisse dont la part a cédé 0,4 point à 6,4%.
Plus étonnant, la part de marché des devises de 23 pays émergents a augmenté de 1,7 point à 14% depuis le dernier recensement en 2007. La livre turque, le won coréen, le real brésilien et le dollar de Singapour ont particulièrement progressé.
Le dollar canadien et le dollar australien sont également particulièrement visés désormais.
A noter que comme les transactions de devises impliquent toujours deux monnaies, le total des transactions comptabilisées dans l'étude de la BRI atteint 200%, au lieu de 100%.
Le Royaume-Uni, fief du Forex
Les places financières qui accueillent traditionnellement les transactions de devises ont également confirmé leur suprématie dans ce secteur, Londres conservant sa place de numéro un mondial des changes avec une part de marché de 36,7%, suivi des Etats-Unis (17,9%) et du Japon (6,2%). En revanche, la Suisse (5,2%) a perdu sa place de numéro quatre aux dépens de Singapour (5,3%). Hong Kong totalise 4,7% du marché, contre 4,2% trois années auparavant.
La France réunit 3% des échanges mondiaux, à 151,6 milliards de dollars. Une part qui n'a pas changé depuis 2007. Si cette contribution était de 2,6% en 2004 et de 2,9%en 2001, elle s'élevait à 3,7% en 1998 et à 3,8% en 1995.
En Allemagne, le taux est de 2,1%.
COMPRENDRE LE FOREX
Qui trade sur le Forex ?
Essentiellement les fonds spéculatifs, des sociétés d'assurance, des banques centrales et autres institutions financières non bancaires.
L'enquête de la BRI montre que les transactions dues aux négociants interbancaires, autrefois dominants, ont été dépassées pour la première fois par les investisseurs non bancaires tels que les fonds spéculatifs et les banques centrales.
Quel type de transactions est le plus opéré ?
Les transacations dites spots. C'est-à-dire, les transactions immédiates, en temps réel et au cours indiqué par la plateforme de trading. Ces opérations ont connu un boom de 48% en trois ans et totalisent 1,5 trilliard de dollars d'échanges par jour, soit 37% de l'activité totale du marché des changes.
La croissance sur le marché spot reflète en partie l'explosion du trading algorithmique (ou «flash trading») qui permet le traitement de milliers d'ordres par minute.
Les transactions via les produits dérivés (swaps de change, options sur devises…) ont progressé de 7 % à 2.500 milliards.
* L'étude de la BRI a été réalisée auprès de 53 banques centrales et 1300 opérateurs
Source : Figaro rubrique taux, devises
Auteur : Marine Rabreau