mercredi 7 février 2007

Géopolitique : Iran (1)

Le texte ci-dessous a été posté presqu'au lendemain de la "sélection" de l'actuel président iranien (le 25 Juin 2005) sur le forum mataf.

Je le remets ici car il est plus que jamais d'actualité.

Plus d'un an et demi après, il y aurait beaucoup à ajouter. Si j'en trouve le courage, je reviendrai sur le sujet.
-------------------------------------------------------------

Iran, pétrole et dollar

Parler d'élection sous un régime comme celui des mollahs iraniens est une insulte à la démocratie.

La raison en est simple : le terme d'élection est issu d'une longue tradition démocratique . Il est de fait chargé de sens et de symboles.

Or, sous un régime politique dont la constitution même est antidémocratique (car elle désigne un guide -religieux- suprême qui n'est pas élu et qui a tous les pouvoirs), parler d'élection –démocratique- n’a aucun sens.

Pire, la moindre des choses dans une élection est que tout un chacun ait la possibilité de se présenter. Or, sous une dictature théocratique qui interdit et réprime toute opposition (de la manière la plus violente) et sous laquelle seuls ceux qui adhèrent au système peuvent se présenter, parler d'élection est une aberration.

Enfin, les conditions dans lesquelles ce spectacle a été organisé sont plus que discutables sachant que les mollahs iraniens sont maîtres en matière de manipulation et de tricherie en tous genres. Ils ont par ailleurs refusé la présence d'observateurs étrangers.

Ce qui vient de se passer en Iran n'est donc pas une élection mais une sélection !! Une personne a été désignée, par ceux qui détiennent véritablement le pouvoir, en tant que nouveau président. Et, on organise tout un spectacle électoral pour lui donner une légitimité. Question de forme…

Maintenant, on nous dit qu’il s’agit d’un « dur ». Ceux qui nous disent cela sont les mêmes (au Quai d’Orsay entre autres) qui traitaient l’ancien président de modéré. Entre nous, je n’ai jamais compris ce que pouvait être un fanatique modéré !!!

Quoiqu’il en soit, l’arrivée de ce nouveau président est un message très clair en direction de l’occident : Le régime se met en ordre de batail en changeant de façade et cesse de jouer le jeu de l’Europe qui lui demandait de conserver au moins la forme.

Le cas iranien n’est pas comparable au cas afghan ou irakien car les mollahs iraniens ont un pouvoir de nuisance bien plus important, sur le plan international, pour au moins trois raisons.

En premier, tout le monde le sait, l’Iran est un des premiers producteurs de pétrole du monde et sa production compte dans la production mondiale.

En deuxième lieu, la position géographique de l’Iran lui permet de contrôler le détroit d’Ormuz dans le golf persique, détroit large de 80 Km par lequel passe entre 40 et 50% du pétrole du monde. Autant dire qu’une instabilité en Iran devrait pousser le prix du baril vers les 100$. Par ailleurs, ce facteur rend une intervention militaire très délicate.

Enfin, les mollahs iraniens ont un projet (visiblement assez avancé) dans le domaine nucléaire. Or, il s’agit là d’une ligne rouge que le régime iranien ne doit absolument pas franchir aux yeux de l’occident. Mais, après plusieurs années de négociation, les européens n’ont toujours pas réussi à mettre fin aux activités des mollahs dans ce domaine.

Un constat d’échecs des négociations, hypothèse fort probable avec l’arrivée du nouveau président, rendra l’intervention militaire (mais forcément l’occupation du pays) inévitable, aussi délicate soit-elle, et avec toutes les conséquences prévisibles et imprévisibles tant sur le plan économique que politique.

Voilà donc la complexité du problème vu de l’extérieur. A l’intérieur, les choses sont tout aussi complexes.

...